La suite du Savage Amusement Tour, c’est les Etats-Unis et la tournée Monsters Of Rock, avec Van Halen, Dokken, Metallica et Kingdom Come (groupe où officie un batteur du nom de James Kottak...).
Klaus et Co fêtent leur Noël 88 sur les scènes de France, avec les belles Vixen en ouverture.
● 1989 : Les Scorpions reviennent en URSS en superstars, à l’affiche du désormais mythique Moscow Music Peace festival, en août. C’est le plus grand festival organisé en URSS. Rudolf et Co viennent avec une escouade de choc : Ozzy Osbourne, Mötley Crüe, Bon Jovi, Cinderella, Skid Row et les Russes de Gorky Park, qui avaient ouvert pour nos arachnides l’année précédente. Ce festoche est organisé par Doc McGhee, le manager des Scorps, pour se faire pardonner ses frasques d’ex trafiquant de drogues. C’est pour cela que, sur la double VHS qui sortira pour immortaliser cet événement, les vidéos live sont entrecoupées de spots “Say no to drugs”.
Les Scorpions ont bien senti que ce n’est pas pour son message anti-drogues que ce concert de légende restera emblématique. Quelque chose est dans l’air. Quelque chose est en train de se passer. Les peuples de l’Est, avides de liberté, ne veulent plus du Rideau de Fer. En rentrant du festival, Klaus écrit une ballade parlant de cette nouvelle ère qui, selon lui, commence. Cette ballade, c’est Wind of Change (“Le Vent du Changement”). Quelques semaines plus tard, le Mur de Berlin tombe.
● 1990 : Sortie attendue de l’album Crazy World (“Monde de Tarés”), enregistré à Los Angeles sous la houlette du producteur Keith Olsen. Le disque sort chez le label Polygram, qui jusqu’à présent distribuait Scorpions aux Etats-Unis et qui devient à partir de là leur label pour le monde (de tarés) entier. Pour la première fois, Scorpions fait appel à un compositeur extérieur sur plus d’une chanson, en la personne du Canadien Jim Vallance. Ce dernier a travaillé avec des artistes aussi divers que Kiss, Lita Ford ou Bryan Adams ; on aurait pu craindre des compos moins hard, mais les idées de Vallance ne dénaturent pas l’esprit metal du groupe, et il intervient surtout en tant que parolier.
Dans les paroles, justement, on retrouve toujours les thèmes “sexe-bière-heavy-metal” chers au groupe, mais aussi des sujets plus engagés (sur Wind of Change ou sur la chanson qui donne le titre à l’album). C’est le début d’un âge où Scorpions choisit de parler davantage des problèmes de ce monde (de tarés).
L’album était attendu à la fois par le grand public, le regard tourné vers une Allemagne en voie de réunification, et par la fan base metal de Scorpions, laissée sur sa faim par Savage Amusement. A cette époque où le heavy-metal est à son apogée, Crazy World va acquérir son statut d’album mythique en réussissant le tour de force de rallier à lui les deux publics, et ainsi devenir la meilleure vente du groupe.
Aux Scorps Fans métalleux acharnés, le disque offre 9 brûlots heavy inspirés pour seulement 2 ballades, en jetant à la poubelle tous les arrangements commerciaux de Savage Amusement et en ne gardant que la disto et les riffs, le tout servi par une production énorme.
Au grand public, le disque offre un single témoin de cette période historique majeure, qui devient en quelque sorte la “BO officielle de la chute du communisme”.
Alors que Iron Maiden a perdu pied et que Metallica n’a pas encore explosé, Scorpions est à ce moment-là le leader du heavy-metal grâce à cet album.
S’ensuit une tournée qui n’a jamais été aussi “follement mondiale”, incluant les pays de l’Europe de l’Est, désormais ouverts à la liberté. Les Scorpions sont invités à se produire au concert de Roger Waters (de Pink Floyd) à Berlin fêtant la chute du Mur ; ils y interprètent In the Flesh en intro du show.
● 1991 : Cette gigantesque tournée se conclut en apothéose, par une fête d’anniversaire célébrant à la fois les 20 ans du groupe, les disques d’or de l’album et la fin de longs mois de vadrouille. Porté par le souffle de la chute du communisme et de l’apogée du heavy-metal dans le monde, Crazy World cartonne partout dans le monde ou presque. 5 singles en sont extraits en tout. C’est l’année où Scorpions est au somment de sa popularité.
Cette faste page de l’histoire du groupe ne pouvait pas se terminer sans un témoignage live. C’est chose faite avec la VHS Crazy World Tour Live Berlin 1991, regroupant les clips de l’album et des vidéos live des deux concerts de Berlin de décembre 1990.